Traduction (par mes soins) de l'introduction du livre "Tyrans of the nine hells" / "Tyrans des neufs enfers".
Au commencement, et même bien avant, seul le Chaos existait. De ce tourbillon infernal naquirent les démons, l’incarnation même du Chaos. Le Temps n’avait pas encore été inventé, alors les démons combattirent entre eux dans un gigantesque vortex de désordre sur une période incommensurable. Cet état de Chaos brut était intolérable pour l’univers, alors une force s’éleva pour le combattre : le pouvoir de la Loi. De ce principe abstrait d’ordre, un grand nombre d’êtres naquirent pour combattre les démons. Ces nouvelles déités de la Loi s’ornèrent de coruscantes armures faites de stabilité pure et prirent des armes forgées de convictions idéales. Puis, ils foncèrent dans la bataille contre les hordes démoniaques.
Suite à d’innombrables millénaires de combats, les Déités de la Loi sentirent le besoin de connaître leurs progrès. Ils créèrent les nombres, pour compter les ennemis pourfendus, et le temps, afin savoir après quelle durée viendrait la victoire. Graduellement, cependant, les déités de la Loi commencèrent à suspecter que la profusion de démons était infinie. Affaiblis et lassés des batailles, ils espérèrent poursuivre d’autres projets, telle la création de mondes et d’êtres intelligents.
Ils créèrent donc de resplendissants guerriers ailés pour les servir et manier leur magie divine, à la fois dans la guerre éternelle contre les démons et dans les mondes à l’aube de leur création. Ces êtres, glorieux dans leur diversité, furent nommés « anges ».
Le plus brave, robuste, féroce et splendide ange était Asmodée. Il a occis plus de démons que tout autre ange; plus que tout dieu. Mais, alors que les âges défilèrent, Asmodée et les membres de sa magnifique et terrible compagnie commencèrent à prendre quelques traits de leurs ennemies, comme pour les vaincre plus efficacement.
Peu à peu, leur beauté se transforma en laideur; les dieux et les autres anges commencèrent à les craindre. Finalement, les habitants du royaume céleste pétitionnèrent pour que les dieux bannissent Asmodée et les plus effrayants anges vengeurs. Ainsi, un procès fut fait à Asmodée devant Héronéus, le dieu de la bravoure. Le plus sombre des anges répondit promptement aux charges en lisant la grande charte de la Loi qu’il a aidé à graver.
« La première tâche de la Loi est de détruire le Chaos, » argumenta-il. « J’ai réussi cette tâche mieux que quiconque. »
« Tu as fait la guerre, et tu l’as bien faite, » admit Héronéus. « Par contre, vous et vos compagnons vous êtes empoisonnés en la faisant. Ne pouvez-vous pas quitter ou nous deviendrons contaminés également? »
Asmodée sourit, et la fumée d’un millier de champs de bataille apparue sur ses lèvres. « En tant que seigneur de la guerre, » dit-il, « vous devriez savoir mieux que tous que la guerre est une entreprise malséante. Nous nous sommes noircis pour que vous demeuriez dorés. Nous avons soutenus les lois, nous ne les avons pas brisés. Donc, vous ne pouvez pas nous exclure du royaume. »
Les dieux se réunirent pour discuter de ce qu’ils avaient entendu. Grande fut leur consternation lorsqu’ils constatèrent qu’ils ne sauraient trouver une réplique dans leur charte de lois à l’argumentation d’Asmodée. L’ange noir connaissait les lois mieux qu’eux et savait manier les diverses clauses aussi habilement que son épée. Avec l’écoulement du temps, Asmodée et son régiment prirent un aspect encore plus alarmant. Des canines jaillirent de leur bouche, leur langue fourcha et ils lissèrent leur corps dans une enveloppe de feu. Les dieux construisirent de nouvelles citadelles pour leur échapper, mais Asmodée et ses suivants y pénétrèrent tout de même.
Ils poursuivirent en justice les dieux sous leurs propres lois, en demandant un accès complet à tous les privilèges accordés aux champions de l’ordre. Les déités étaient désespérées de ne pas trouver une voie loyale de les arrêter. Alors les dieux se rabattirent sur leur grand projet : la création de mortels et de mondes verdoyants pour ces êtres choyés vivent dessus. Mais quand les démons envahir les mondes, le régiment d’Asmodée fut appelé à les arrêter.
Bien que les voraces hordes des tanar’ri n’étaient pas plus aisées à vaincre sur le nouveau Plan Matériel que sur les Plans Extérieurs, Asmodée et ses anges noirs parvinrent à les faire reculer. Ensemble, les dieux et les anges créèrent des barrières sur le Plan Matériel pour garder les démons à distance. Ils érigèrent des murs, lancèrent des chaînes de montagnes, couvrirent des portions de leurs mondes avec des déserts de glace et enterrèrent les entrées, dont les démons s’étaient servies, sous de vastes océans. Ainsi furent les mondes nouvellement créés, comme Asmodée et son groupe, marqué et fait laid pour le plus grand bénéfice de la Loi.
Ensuite, les déités de l’ordre firent une découverte horrifiante. Les mortels qu’ils avaient créés, leur fierté et leur joie, s’étaient mis à la tâche de détruire les barrières. Ils gravirent les murs, escaladèrent les montagnes et traversèrent les glaciers pour laisser entrer les démons. Dès leur retour sur le Plan Matériel, les démons démantelèrent l’ordre, détruisant paradis après paradis.
Les déités étaient en colère, mais également confuses. « Pourquoi mes jolis halfelins me font cela? » sanglota Yondalla qui les avait créés. « J’ai inventé les montagnes et mis mes plus talentueux nains comme leurs protecteurs, » gronda Moradin. « Pourquoi ont-ils creusés sous eux jusqu’aux cryptes de démons? »
Les dieux gémirent et se lamentèrent jusqu’à ce qu’Asmodée viennent à eux avec une réponse. « Vos mortels entreprennent ces actions, car vous leur avez donné libre pensée. »
« Bien sûr que oui! » dirent les déités. « Sans liberté, le choix de suivre la Loi ne signifie rien. »
« En effet, » répondit Asmodée, écrasant un petit insecte rampant sur sa barbe parfaitement taillée. « Ce sont de curieuses créatures, ces mortels, et les démons leur ont promis la liberté. Bientôt, ils apprendront que la liberté brandie devant eux en est une d’anarchie complète et que dans le royaume des démons, ils seront seulement libres d’êtres détruits. À ce moment, il sera trop tard pour eux. Vous pouvez créer d’autres mondes et d’autres mortels, mais je vous promets que le scénario recommencera éternellement. »
Quand les dieux réalisèrent la véracité des paroles de l’ange noir, ils furent accablés
« J’ai la solution qui vous échappe, » dit Asmodée, « une solution qui permettra à vos précieux mortels de conserver la liberté dont vous leur avez fait grâce. Voici le problème, » poursuivit-il. « Vos lois se basent sur une obéissance volontaire. Vous commandez aux mortels de rejeter le chaos, mais que se passe-t-il lorsqu’ils vous désobéissent? »
Les déités n’avaient pas de réponse. « Nous sommes les créateurs, » grommela Yondalla. « Évidemment, ils devraient nous écouter. »
« En effet, ils devraient, » répondit Asmodée en s’inclinant galamment à la juste Yondalla. « Mais ils ne le font pas, parce qu’il ne peut y avoir de lois sans Châtiment. »
« Châtiment? » marmonna l’hôte des déités. « Quel est ce Châtiment auquel vous faites allusion? »
Asmodée le retira de son fourreau, à cette époque, le Châtiment était forgé comme une puissante épée, bien qu’il a pris différentes formes depuis. « J’ai inventé cet objet pour comme étant l’ultime arme de la Loi. Quand les lois sont brisées, les pécheurs doivent souffrir afin de servir d’avertissement aux autres. Donc, les mortels peuvent choisir entre le paradis de l’action légitime et la souffrance du péché. Quelques uns subiront le Châtiment pour que la majorité voit les conséquences du bris des lois. »
De nouveau, les dieux se réunirent anxieusement suite à cette déclaration mais, comme de coutume, ils ne purent déceler une faiblesse dans la logique de leur champion. Comment envisager que les mortels choisissent la vertu si la méchanceté demeure impunie?
Finalement, l’un des dieux s’avança devant l’assemblée et dit : « Oui, la punition est à la base de toutes les lois. » Ces mots le transformèrent sur le champ en la grande divinité connue sous le nom de Saint Cuthber. Depuis ce jour, les déités virent que le Chaos et la Loi n’était pas les seuls principes de l’univers. Le Bien et le Mal étaient également des forces naturelles dans le cosmos. Alors les Dieux se séparèrent des autres en se basant sur cela. Certains dieux, tels que Hextor et Seth, donnèrent leur appui aux anges empoisonnés d’Asmodée, alors que Héronéus et plusieurs autres le rejetèrent avec plus de véhémence.
Les déités écrivirent leurs nouvelles lois et envoyèrent leurs prêtres annoncer que la punition pour les péchés serait la souffrance. Les dieux furent satisfaits avec l’arrangement. Ils pensèrent réellement que tout le monde obéirait et que personne ne serait puni.
Alors que les âmes commencèrent à s’échouer sur le royaume céleste en portant la marque de la transgression, Asmodée, aidé par Dispater, Méphistophélès et les autres de sa brigade noire, appliquèrent le châtiment prévu par la loi. Ils fouettèrent ces pécheurs, les brûlèrent et écartelèrent leurs membres. La plainte des damnés se répercuta sur le royaume et les fleurs idylliques se souillèrent de sang. Les déités de la Loi essayèrent de se boucher les oreilles, mais ils ne pouvaient cacher l’horreur. Ils enchaînèrent donc Asmodée et chargèrent de hauts crimes contre eux.
« J’ai exclusivement fait ce que j’ai dit que je ferai, en accord avec les lois que vous avez écrites, » dit Asmodée. De nouveau, les dieux durent admettre qu’il avait raison. « J’ai une proposition pour vous, » poursuivit le cruel champion. « Vous souhaitez voir la loi respectée, mais vous ne souhaitez pas assister à ses conséquences néfastes. Alors, pour préserver votre délicate sensibilité, mes suivants et moi allons amener notre projet ailleurs. Nous bâtirons un Enfer parfait pour vous. Vous serez gagnant à son existence sans jamais avoir à poser un œil sur celui-ci. Nous devrions le mettre…là, » et il pointa une terre vide qui s’appelle maintenant Baator.
« Oui, oui! » dire toutes les déités. « Vous déplacerez votre Enfer là, immédiatement! »
« Rien ne me ferait plus plaisir, » ajouta Asmodée. Il étendit la main et une baguette rubis de pouvoir apparue dans la paume. « Avant, nous devons faire un pacte. »
« Un pacte? » questionna Moradin avec suspicion.
« Oui, en effet, » dit Asmodée en faisant apparaître un parchemin d’un mouvement de la main. « C’est à votre avantage de vous assurer que nous, qui allons œuvrer dans un lieu où vous n’irez pas, allions accomplir votre volonté. Ce contrat spécifie le destin des âmes damnées. En échange, cela nous permettra de retirer de la magie de ces âmes afin que nous alimentions nos sorts et maintenions nos pouvoirs. »
« Je ne suis pas certain que cela me plaise, » répondit Moradin.
« Votre retenue à cet égard est entièrement compréhensible, Ô Créateur des Nains, » dit Asmodée sur son ton le plus rassurant. « Mais puisque nous allons être séparés de vous, nous ne pourrons tirer nos pouvoirs de vous, comme nous l’avons toujours fait. Vous ne souhaiteriez pas faire de nous des dieux indépendants de vous, n’est-ce pas? »
« Assurément pas! » s’écria Moradin, effrayé à cette idée.
« En tout et pour lieu de cela, prenez cette mesure moins drastique en signant ce pacte, » dit Asmodée avec un sourire.
Donc, les dieux signèrent le contrat qui détermina les frontières de l’Enfer et les règles de transmission des âmes dissidentes. Aujourd’hui, nous, mortels, connaissons ce document sous le nom du Pacte Originel.
Dès qu’il fut signé, Asmodée, Méphistophélès et Dispater s’éclipsèrent au Baator qui était alors une plaine vierge. Avec eux vinrent une horde d’anges noirs qui s’appelèrent les Érinyes.
« Dans quelle situation nous as-tu mis? » grogna Méphistophélès. « Cette place n’est rien! » se plaignit Dispater. « Patientez, » dit Asmodée. Il leur exposa ensuite son plan.
Les vertueuses déités de la Loi, dans leur domaine céleste purifié, étaient libres de la dégradation des vils anges pour la première fois. Seulement quelques années de mortels passèrent lorsque les dieux découvrirent une baisse alarmante dans le nombre d’âmes admises dans les divers paradis. Après s’être renseignés auprès de leur clergé respectif, ils réalisèrent que les diables corrompaient les mortels et s’assuraient de leur damnation éternelle.
Les déités formèrent une délégation qui quitta promptement pour le Baator. À leur surprise, l’ancienne plaine infinie était transformée en neuf strates d’horreurs monstrueuses et de souffrance. Au cœur de ses frontières, ils trouvèrent d’innombrables âmes se convulsant de douleur. Ils virent ces âmes se transformer, d’abord, en montres grouillants dénués d’intelligence (lémures), puis devenir une armée de puissants diables.
« Que se passe-t-il ici » demanda Héronéus.
« Vous nous avez donné le pouvoir de collecter les âmes, » répondit Asmodée. « Pour construire notre Enfer et préparer notre force à la tâche nous étant confiée; nous avons, naturellement, trouvé une voie d’améliorer notre production. »
Le dieu de la guerre dégaina sa retentissante épée longue de foudre. « Votre travail est de punir les pécheurs, pas de les encourager ! », lui reprocha-t-il.
Asmodée sourit. Une mouche venimeuse s’envola d’entre ses dents parfaitement aiguisées. « Lisez le contrat, » répliqua-t-il.